Il est des gestes qui ne s’achètent pas. Des présences qui ne s’inscrivent dans aucun contrat. Des silences qui réparent plus sûrement que mille discours.
Dans nos sociétés pressées, l’écoute — la vraie, celle qui ne juge pas, qui ne conseille pas, qui ne cherche ni à convaincre ni à consoler — reste invisible. Elle ne figure dans aucun barème, aucun dispositif fiscal, aucun tableau de services à la personne. Le CESU, par exemple, rémunère le ménage, le jardinage, la garde d’enfants. Mais pas la présence. Pas l’attention. Pas la dignité d’un regard qui accueille sans détour.
Et pourtant, que serait un accompagnement sans cela ? Que serait un soin sans cette part d’humanité nue, offerte sans attente ?
Nous sommes nombreux, dans nos quartiers, nos associations, nos familles, à pratiquer cette écoute. Non comme une technique, mais comme une posture. Une manière d’être au monde. Inspirée parfois de Carl Rogers, parfois d’une sagesse populaire, parfois simplement d’un refus de l’indifférence.
Cette lettre est une tentative de reconnaissance. Pas une revendication salariale — l’écoute ne se vend pas. Mais une invitation à nommer ce qui soigne sans soigner, à transmettre ce qui relie sans s’imposer.
Dans les capsules à venir, nous documenterons ces gestes :
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Comment accueillir sans orienter
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Comment ritualiser la présence
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Comment transmettre cette posture dans les équipes, les familles, les cercles de parole
Nous le ferons sans dogme, sans bannière, sans clocher. Juste avec cette conviction :
L’écoute est un acte civique. Elle mérite, sinon salaire, au moins mémoire.
À bientôt, pour une capsule de silence partagé.
— Claude Guillemain, pour Brelevenez
