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  • Solo, superbe poème de Xavier Grall

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    Seigneur me voici c’est moi
    je viens de petite Bretagne
    mon havresac est lourd de rimes
    de chagrins et de larmes
    j’ai marché
    Jusqu’à votre grand pays
    ce fut ma foi un long voyage
    trouvère
    j’ai marché par les villes
    et les bourgades
    François Villon
    dormait dans une auberge
    à Montfaucon
    dans les Ardennes des corbeaux
    et des hêtres
    Rimbaud interpellait les écluses
    les canaux et les fleuves
    Verlaine pleurait comme une veuve
    dans un bistrot de Lorraine


    Seigneur me voici c’est moi
    de Bretagne suis
    ma maison est à Botzulan
    mes enfants mon épouse y résident
    mon chien mes deux cyprès
    y ont demeurance
    m’accorderez vous leur recouvrance ?
    Seigneur mettez vos doigts
    dans mes poumons pourris
    j’ai froid je suis exténué
    O mon corps blanc tout ex-voté
    j’ai marché
    les grands chemins chantaient
    dans les chapelles
    les saints dansaient dans les prairies
    parmi les chênes erraient les calvaires
    O les pardons populaires
    O ma patrie
    j’ai marché
    j’ai marché sur les terres bleues
    et pèlerines
    j’ai croisé les albatros
    et les grives
    mais je ne saurais dire
    jusqu’aux cieux
    l’exaltation des oiseaux
    tant mes mots dérivent
    et tant je suis malheureux

     

    Seigneur me voici c’est moi
    je viens à vous malade et nu
    j’ai fermé tout livre
    et tout poème
    afin que ne surgisse
    de mon esprit
    que cela seulement
    qui est ma pensée
    Humble et sans apprêt
    ainsi que la source primitive
    avant l’abondance des pluies
    et le luxe des fleurs

     

    Seigneur me voici devant votre face
    chanteur des manoirs et des haies
    que vous apporterai-je
    dans mes mains lasses
    sinon les traces et les allées
    l’âtre féal et le bruit des marées
    les temps ont passé
    comme l’onde sous le saule
    et je ne sais plus l’âge
    ni l’usage du corps
    je ne sais plus que le dit
    et la complainte
    telle la poésie
    mon âme serait-elle patiente
    au bout des galantes années ?

     

    Seigneur me voici c’est moi
    de votre terre j’ai tout aimé
    les mers et les saisons
    et les hommes étranges
    meilleurs que leurs idées
    et comme la haine est difficile
    les amants marchent dans la ville
    souvenez-vous de la beauté humaine
    dans les siècles et les cités
    mais comme la peine est prochaine !

     

    Seigneur me voici c’est moi
    j’arrive de lointaine Bretagne
    O ma barque belle
    parmi les bleuets et les dauphins
    les brumes y sont plus roses
    que les toits de l’Espagne
    je viens d’un pays de marins
    les rêves sur les vagues
    sont de jeunes rameurs
    qui vont aux îles bienheureuses
    de la grande mer du Nord

    Je viens d’un pays musicien
    liesses colères et remords
    amènent les vents hurleurs
    sur le clavier des ports

    je viens d’un pays chrétien
    ma Galilée des lacs et des ajoncs
    enchante les tourterelles
    dans les vallons d’avril
    me voici Seigneur devant votre face
    sainte et adorable
    mendiant un coin de paradis
    parmi les poètes de votre extrace
    si maigre si nu
    je prendrai si peu de place
    que cette grâce
    je vous supplie de l’accorder
    au pauvre hère que je suis
    ayez pitié Seigneur
    des bardes et des bohémiennes
    qui ont perdu leur vie
    sur le chemin des auberges
    nulle orgue grégorienne
    n’a salué leur trépas
    pour ceux qui meurent
    dans les fossés
    une feuille d’herbe dans la bouche
    le cœur troué d’une vielle peine
    de lourdes larmes dans le paletot
    et dans les veines des lais et des rimes
    Seigneur ayez pitié !

     

    Xavier Grall - Extrait de "Solo et autres poèmes " (1981) 

     



  • Messe de Noël en breton en direct de Tréglamus / Oferenn Nedeleg e brezhoneg war-eeun deus Treglañviz

     

    crèche de Noël

    La messe de Noël en langue bretonne à suivre en direct sur France Bleu Breizh Izel le 24 décembre à 20h00 depuis l'église paroissiale de Tréglamus, près de Guingamp dans les Côtes d'Armor / Oferenn ar Pellgent e brezhoneg da selaou war France Bleu Breizh Izel, d'ar 24 a viz Kerzu, da 8 eur noz, war-eeun deus iliz Treglañviz, e-kichen Gwengamp, e Aodou An Arvor

    France Bleu Breizh Izel vous propose de suivre en direct de Tréglamus la messe de Noël en breton célébrée par Mr Derrien, Prêtre, et Mr Jeff Philippe, Diacre

    Lidet e vo an oferenn gant an Aotrou Derrien, Beleg, skoazellet gant Jeff Philippe, Diagon, da selaou war France Bleu Breizh Izel

  • JOSEPH

    Dans la Bible, quand Dieu délivre un message à quelqu’un d’anxieux, il lui parle habituellement durant son sommeil, lorsque son esprit est le plus disponible. L’ange rencontre Marie quand sa conscience est éveillée. Ils engagent même une conversation. Tandis que l’ange rejoint Joseph la nuit, au moyen d’un songe, car le pauvre est tellement troublé par ce qui arrive, qu’il lui est peut-être difficile d’entendre cette parole en plein jour, en pleine conscience.
    Car la nuit de Joseph est nuit noire. Impensable pour lui d’aller contre la loi de Dieu, en reconnaissant un enfant qui ne vient pas de lui. Impossible pour lui de répudier Marie, ne doutant pas une seconde de sa limpidité. Bref, le grand dilemme. Écoutant ce qu’il entend dans le songe, Joseph renonce à son premier projet de répudier Marie en secret. Il devient juste, non plus selon la loi de Dieu, mais selon le plan de Dieu. Dans sa nuit, il devient vraiment sage. Il s’ajuste à ce qu’il entend. À aucun moment, on ne l’entend parler, mais aussitôt après chacun des quatre songes, il agit immédiatement et efficacement. Sans l’ombre d’un doute, il fait ce qu’il entend dans la nuit.
    Joseph nous apprend le sens d’un mot oublié, pas très tendance : le mot « devoir ». Le devoir, écrit Mgr Rouet, c’est là où les autres nous attendent. Même si je ne comprends pas le sens, même si je ne ressens pas grand-chose, j’y vais quand même, car une petite voix intérieure m’y invite. La foi, dit-il encore, commence par les pieds, car il faut y aller.