Le pèlerinage Feiz e Breizh – « Foi en Bretagne » – aura lieu du 20 au 21 septembre. À l’occasion des 400 ans des apparitions de sainte Anne, 2500 pèlerins sont attendus pour cette 8e édition. Entretien avec l’abbé Raphaël d’Anselme, aumônier du pèlerinage.
Pourquoi un pèlerinage breton ?
Père Raphaël d’Anselme : Tout est parti de mon ancienne paroisse, en 2018, où je célébrais la messe dans les deux formes du rite. Une famille m’a demandé de lancer un petit pèlerinage local pour prier à la fois dans l’ancrage de la tradition et de la culture bretonne. Nous étions une centaine au départ, puis nous avons élargi aux autres diocèses bretons et nous avons accentué la dimension culturelle bretonne, tout en gardant la forme de la messe traditionnelle. Le pèlerinage s’est développé très vite depuis le Covid, avec beaucoup de jeunes et de jeunes familles.
Que viennent chercher ces jeunes ?
Ils viennent dans une démarche de recherche d’identité, pour retrouver leurs racines bretonnes. Puis ils découvrent le message chrétien, la messe : tout cela les touche profondément et les fait entrer dans une démarche de foi. Chaque année, nous avons de nombreuses demandes de baptêmes, de mariages chrétiens… Venus par la culture, ils rencontrent le Christ. Après le pèlerinage, nous les poussons à aller dans leurs paroisses.
Quelle est l’importance du patrimoine spirituel ?
Nous avons un très beau patrimoine culturel et spirituel : cantiques bretons, costumes traditionnels, instruments régionaux… car la Bretagne était très chrétienne, notamment grâce aux très nombreux prêtres martyrs pendant la Révolution. Il faut repartir de ce terreau. Ce patrimoine donne une assise, un ancrage à la foi qui plaît beaucoup, aux jeunes en particulier. Ils sont très demandeurs de retrouver leurs racines, que la génération de leurs parents ne leur a pas transmises… L’attrait du rite ancien participe de la même recherche : c’est un ancrage dans le Christ. Dans un monde déraciné, les gens ont besoin de retrouver des repères solides : leurs racines culturelles et cultuelles.
La mission passe donc aussi par le patrimoine ?
Je pense que l’ancrage culturel régional est une piste missionnaire très importante pour l’Église, en effet, car c’est une excellente porte d’entrée pour les personnes éloignées de l’Église. Dans ma paroisse, de nombreuses personnes non pratiquantes, jusqu’au maire, participent aux pardons (pèlerinages bretons, NDLR).
Sainte Anne sera-t-elle particulièrement mise à l’honneur cette année ?
Pour fêter le jubilé des 400 ans des apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic (1623-1625), notre évêque, Mgr Centène, va célébrer la messe de la fin du pèlerinage, au sanctuaire Sainte-Anne-d’Auray. C’est une sainte essentielle : elle nous a donné Marie, qui nous a donné Jésus !
Pourquoi dites-vous que l’un des objectifs de ce pèlerinage est d’accroître les liens d’amitié ?
Les jeunes sont souvent très isolés dans leur vie de foi. En partageant un moment d’effort intense, de prière, de joie… le pèlerinage favorise la création de liens d’amitié forts, qui se prolongent par la suite et leur permettent de ne plus vivre leur foi seuls. C’est essentiel.