Dt 30, 10-14 Ps18 Col 1, 15-20 Lc 10, 25-37
LE BONHEUR PAR L' AMOUR
FIL CONDUCTEUR
Ce qui, ici, est en jeu, c'est d'obtenir le Bonheur que nous cherchons tous, le Bonheur total, en plénitude, celui de la Vie éternelle. La réponse de Jésus au légiste, sur ce sujet, est sans ambiguïté : ce ne peut être que par l'Amour : "tu aimeras…"!
Bien sur en aimant d'abord la Source même de l'Amour, le Dieu Un et Trinitaire!
Mais, avec la nécessité d'aimer le prochain, surviennent les pires difficultés pratiques!
D’où la question sur l'identité du prochain…mais qui porte, en fait, sur notre adhésion ou non à l’Amour véritable, total, comme chemin pour parvenir à notre vrai Bonheur! La magnifique parabole du samaritain nous précise le terme de « prochain » et nous fait découvrir qu’il y a « plus de bonheur à donner qu’à recevoir » comme le rappelle Paul aux éphésiens, lors de ses adieux ( Ac 20, 35).
Principaux points :
- Cette Loi d'Amour que récite parfaitement le docteur de la Loi, elle n'est pas au dessus de nos forces, comme l'affirmait déjà Moïse. Elle est dans notre bouche quand nous proclamons "Seigneur Seigneur" en louant sa bonté! Et sans doute était-t-elle dans la bouche du prêtre et du lévite, récitant les psaumes en marchant, après avoir accompli leur service à Jérusalem pour la gloire de Dieu, mais seulement alors dans la bouche et non dans le cœur et le concret de la vie.
- Mais Moïse nous précise que cette Loi d'Amour est dans notre bouche et notre cœur "pour que tu la mettes en pratique"(Dt 30, 10-14) Alors, qu'est-ce qui a empêché le prêtre, le lévite…et nous aussi parfois, hélas, de la mettre en pratique? Serait-ce la peur, la peur du risque…de l'Amour, des exigences de l'Amour, entraînant repli sur soi, égoïsme?
- Le samaritain, lui, a pratiqué concrètement cette Loi d’Amour : Tu aimeras ton prochain…! C’est donc normalement notre prochain qui doit être le bénéficiaire de notre amour. Et c’est bien ce que nous comprenons. Mais alors, comment expliquer que dans ce récit, le prochain est finalement celui qui donne de l’amour, celui qui a secouru le blessé avec compassion, pour détourner cet homme du malheur et lui donner un espoir de vie et de bonheur. Le prochain, c’est celui qui “a fait preuve de bonté envers ce blessé”, comme le déclare le légiste avec la pleine approbation de Jésus.
- Le samaritain a “donné” et par là même, il est dans le”versant”DON de l’Amour. Mais surtout, il a pris beaucoup de risques pouvant mettre en péril son propre bonheur à lui: le risque de tomber lui aussi aux mains des bandits, encombré qu'il était, par ce blessé! Et si ce blessé mourait en cours de route, le risque d’être accusé! (Aujourd'hui, il lui serait reproché certainement,de n'avoir pas appelé le Samu, d'avoir donné des soins sans être compétent). Il a accepté le risque de se faire escroquer par l'aubergiste, de paraître "bonne poire", le risque de s'occuper d'un étranger, voir d’un ennemi de sa communauté (peut-être même d'un terroriste…on ne sait jamais!)
- Ce samaritain a pratiqué, de ce fait le volet le plus important, le plus difficile de l’Amour, qui est l’acceptation de dépendre de “l’autre”, des autres, en prenant tous les risques de compromettre son propre bonheur !
- Certes, dans cette affaire, le pauvre blessé a eu la vie sauve et c’est énorme ! Il a donc beaucoup reçu. Mais le samaritain a reçu plus encore: l’entrée, de plein pied, dans l’AMOUR total, celui de Jésus!. En pratiquant ce second volet de l’Amour,il est devenu un “juste”, promis à la Vie éternelle, celle là même que recherchait le légiste qui interrogeait Jésus!
- Comprenons bien que cette parabole a toute sa place dans notre vie de tous les jours où il nous faut prendre des risques énormes et de plus en plus ! Que ce soit celui de l'engagement conjugal, celui de "faire des enfants" et encore plus de les élever, de consacrer sa vie à Dieu ou à une bonne cause, le risque de faire la paix et la justice, le risque, énorme souvent, de pardonner!
- Notre société se veut celle du risque zéro concernant toute douleur et souffrance et, ce faisant, elle s'est blindée vis-à-vis de l'Amour. Elle a oublié que l'Amour est certes la recherche du bonheur (véritable) de l'autre, mais aussi acceptation, pour notre propre bonheur, d'une dépendance (d'Amour) vis-à-vis de l'autre, comme celle dont Jésus a accepté le risque, afin de nous ramener, par l'Amour, sur le chemin du Bonheur! C’est ce qu’a fait le samaritain. Et ce que nous ferons si nous avons compris que le Bonheur est dans le risque…de l’Amour !
Michel ANDRE, diacre jeannemichel.andre@gmail.com
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